Vous avez bien réfléchi et… Raaaah quand même, un petit solo ou un petit duo sur le spectacle, c’est tentant ! Bon ok mais… Comment on fait ? Comment ça se travaille une chorégraphie de pole dance pour un spectacle ? Je vous livre ici plein d’informations pour construire la plus jolie des routines… À vos pop-corns, et bonne lecture !
JE CHOISIS MA MUSIQUE
Bien entendu, construire une chorégraphie implique en tout premier lieu de se projeter musicalement dans une chanson, une instrumentalisation qui vous inspire, vous transporte, vous parle. La bonne chanson sera celle que vous pourrez écouter en boucle pendant des semaines, voire des mois, sans vous en lasser. Si cette chanson comporte des paroles, il faudra aussi s’intéresser au texte, comprendre l’histoire, de manière à pouvoir la raconter à votre manière au travers de la chorégraphie. Connaître et comprendre les paroles, ça aide bien souvent à se projeter sur certains points chorégraphiques.
Que la rythmique soit lente ou non, le choix de la musique va définir la teinte que vous allez donner à votre routine, sera-t-elle douce et langoureuse, ou plus punchy et enthousiasmante ? À vous de décider quelle couleur, quelle empreinte donner à votre performance.
Le tips : lors des répétitions, on se force à ne pas chantonner les paroles de la chanson sur laquelle on danse : cela peut altérer le souffle et donc le cardio ; et ce n’est visuellement pas très heureux pour les spectateurs de vous voir marmonner les paroles, on ne voudrait pas détourner leur attention de vos jolies lignes dansées
JE ME CRÉE UN RÉPERTOIRE DES FIGURES (SPINS & TRICKS) QUE JE MAÎTRISE
Voilà également pourquoi il est important et pertinent de vous filmer en cours : tout retenir est presque impossible, mais la mémoire infinie de vos outils technologiques saura faire le job ! Filmez vous, constituez des dossiers de figures vues/maîtrisées/à revoir. Vous aurez alors une immense base de travail pour habiller votre routine, et éviterez le syndrome de la pole blanche lorsque vous commencerez à réfléchir aux enchaînements qui vont la constituer.
Dans un deuxième temps, je vous conseille de vous rédiger une petite liste de tricks et de spins que vous avez déjà vus en cours : elle sera votre petit dictionnaire polesque personnel pour construire de jolies phrases dansantes. Et, c’est une bonne occasion d’enfin retenir le nom des figures.
Le tips : demandez les noms des figures vues en cours ! La plupart en a un, et si ce n’est pas le cas, inventez-le ! Mixez le à votre sauce, de manière à comprendre de quoi vous parlez lorsque vous relirez vos notes.
JE RECHERCHE DU LIANT : TRANSITIONS & FLOORWORK
Votre routine dure entre 2 minutes 30 et 3 minutes. Parfait !
Oubliez immédiatement l’idée de passer ces minutes les pieds hors du sol.
Pour s’enchaîner correctement, les combos doivent être alternés avec des passages dansés au sol, des transitions, des changements de barre (c’est grand, une scène… pour occuper l’espace, rien de mieux que de changer d’agrès régulièrement : le dry y sera tout frais, et, de fait, votre histoire se déroulera visuellement comme un cheminement pour le spectateur)
A titre d’exemple, lors des compétitions, la note artistique prend en compte la présence en floorwork, les éléments de transitions qui « habillent » une routine. Ils sont donc essentiels pour que le rendu esthétique global soit au point.
Le tips : pour vous donner un repère, essayez de constituer une chorégraphie qui comporte 50% de temps à la barre, et 50% de temps au sol/en floorwork.
JE COMPRENDS LA DIFFICULTÉ TECHNIQUE PROPRE À UNE CHORÉGRAPHIE DE PLUSIEURS MINUTES
Maîtriser 15, 20 figures d’un niveau donné, indépendantes les unes des autres lors des cours techniques ne signifie pas pouvoir les enchaîner à difficulté égale pendant 3 minutes. Par exemple, depuis vos semaines/mois/années d’apprentissage, vous maîtrisez les inversions, certains deadlifts, des tricks demandant beaucoup de souplesse, d’autres presque uniquement en force… Mais si votre routine ne comporte QUE ces éléments, et à moins de vous appeler Marie Moulin, il est couru d’avance que vous allez vous cramer en quelques secondes, et que la dernière phase de votre routine, celle qui va rester dans la mémoire des spectateurs, ne sera ni jolie, ni maîtrisée, ni agréable pour vous. Finir une prestation dans la souffrance ou avec des jambes fléchies car épuisées parce que la somme de difficulté des figures est trop haute, c’est vraiment dommage pour tout le monde !
Le tips : on garde les figures les plus esthétiques et les plus « reposantes » pour la fin de la routine. Cela laissera une magnifique impression dans les yeux des spectateurs, et vous ne subirez pas le fait de devoir mener cette routine au bout. La force et le grip s’étiolent au bout de quelques minutes : garantissez à vos mains de ne pas glisser à la fin, votre tête et votre fierté vous remercieront en voyant les images de votre prestation !
JE NE NÉGLIGE PAS LE TRAVAIL SUR LES ENCHAÎNEMENTS
Vous avez maintenant choisi votre musique, vos figures (et leurs variations), et vous avez conscience que vous ne pourrez pas caser TOUT ce que vous avez déjà appris en 3 minutes. Bon travail !
Parlons cardio : trois minutes, c’est LONG. Nerveusement, physiquement, grippement. Vos enchaînements vont donc devoir être travaillés, répétés, digérés, vomis, remangés (charming !) pour être maîtrisés. Et cela demande du travail ! Il n’y a quasiment aucune chance pour que votre routine entière passe physiquement lors des premiers mois de répétitions. C’est un travail de longue haleine, pendant lequel il ne faut pas désespérer (j’ai connu des routines qui ne passaient pas l’avant-veille de la presta… hehehe). Comme lors des cours techniques, ce n’est pas en essayant une ou deux fois quelque chose qu’on le maîtrise : la pole dance demande de la patience, de la résilience, du travail et de la persévérance.
Le tips : demandez un avis. Laissez-vous conseiller sur ce qui doit être modifié, adapté pour que toute la routine se passe bien. Parfois, on ne se rend pas bien compte de la difficulté qu’on s’impose. Je serai là pour vous guider sur les choses sur lesquelles il faudrait faire l’impasse, ou pour vous rassurer sur ce qui reste uniquement à répéter pour être au point.
J’ADAPTE LES ENCHAÎNEMENTS CHOISIS À LA MUSIQUE, JE REPÈRE LES TEMPS FORTS
Votre musique comporte forcément des temps « forts » : ce sont des instants qu’il faudra marquer, soit avec des figures précises, soit avec des poses intéressantes à regarder pour le spectateur. Construisez votre routine autour de ces temps bien définis : cela vous aidera à dessiner le squelette global de votre chorégraphie, et cela vous donnera des repères temporels pour savoir où vous en êtes dans votre démonstration. Evidemment, cela implique de connaître votre musique sur le bout des doigts
Le tips : savoir compter sa musique, connaître sa construction couplet/refrain le cas échéant, créer des gimmicks pour étayer l’histoire que vous allez raconter, c’est 50% du travail !
Par exemple, dans ma chanson, au cours des refrains, une phrase revient. Je vais créer un mouvement sur cette phrase, et pouvoir le répéter à chaque occurrence.
TENIR LES FIGURES ET LES DIRIGER
Partez du principe que les spectateurs ne connaissent, pour la plupart, rien à la pole dance. C’est l’information la plus importante à garder en tête lors de la construction de vos routines. D’autre part, ils ne connaissent pas non plus la chorégraphie que vous avez créée. Donc laissez les VOIR vos figures, vos poses et transitions. Non, on ne cale pas 5 figures en 20 secondes. Ce n’est juste pas joli. Lorsque vous insérez une figure à votre composition, assurez-vous, si elle est en spinning, de pouvoir la tenir le temps nécessaire pour qu’on puisse la voir sous tous les angles. Cela signifie au minimum 3 à 4 secondes (une fois la figure en place, à ça on ajoute le temps d’y entrer et d’en sortir). Si elle est en statique, assurez-vous qu’elle soit dirigée correctement : le spectateur doit pouvoir avoir le temps d’admirer la pose, de comprendre votre placement, de voir vos membres, cet écart si il est plat, etc.
Le tips : apprenez à compter en Mississippis ! Une fois installé.e dans votre figure, comptez dans votre tête « un Mississippi, deux Mississippi, trois Mississippi ». Voilà, vous avez une pose qui tient suffisamment longtemps !
SE SERVIR INTELLIGEMMENT DES MULTIPLES INSPIRATIONS SUR LES RS
Ouvrez Instagram, et découvrez une foultitude de combos, morceaux de chorés, chorés entières. Refermez Instagram, et respirez. Les RS, ce n’est pas vous. Et tout copier des autres, c’est pas joli joli. Ils sont certes une formidable source d’inspiration, mais la plupart du temps, il est compliqué de distinguer ce qui est de votre niveau, et ce qui ne l’est pas (en fait, c’est le taff d’un.e prof, ça ). Vous vous êtes déjà fait cette réflexion en cours : « ça a l’air tellement facile quand tu le fais ». Pour les vidéos que vous trouverez sur les RS, c’est pareil. Ca a l’air facile quand ils.elles le font. Mais gardez en tête que ces publications sont des morceaux choisi, qui bien souvent impliquent des heuuuuuuuuures de répétitions, des centaines d’échecs avant d’avoir une dizaine de secondes de vidéo publiable. Regardez plutôt des vidéos de danse classique, de danse moderne, de jazz, de heels, de twirling, de hip-hop, de tango… Elles seront vos meilleures inspirations !
Le tips : évitez d’insérer dans vos routines des figures que vous auriez apprises via des vidéos, tutos en ligne…D’une, tous les tutos ne se valent pas (spoiler, le Jarret spin avant n’existe pas ) ; et de deux, vos routines doivent respecter votre niveau, quel qu’il soit. Le niveau débutant comporte MILLE figures absolument superbes.
COMMENT JE FAIS POUR CONSTRUIRE MA ROUTINE ENTIÈRE ?
Pour finir, voici deux angles d’attaque différents pour la construction de votre routine :
– Elaborer des combos, et les caler sur différentes parties de la musique. Il vous restera à créer/définir les transitions pour les enchaîner ensemble. And voilà ! La choré va se dessiner petit à petit.
– Autre technique, définir une figure à placer sur tel ou tel temps dans la musique. Ensuite, définir toutes les figures associées qui peuvent venir avant, et après, jusqu’à atteindre le prochain temps fort et la prochaine figure calée dans votre routine. Ainsi, au fur et à mesure de la création, tout va s’imbriquer avec une simplicité déconcertante…
Le tips final : Appréciez ce que vous faites. Ne choisissez pas de vous mettre en difficulté pour impressionner les autres, ou les spectateurs. Vous serez le seul maître à bord de votre tableau, faites-vous plaisir, passez un moment magique, dont vous serez fièr.e.